


Nous avons eu l’occasion d’interviewer Honorin Hamard, un parapentiste champion, pour parler de son parcours, de son défi au Brésil et de l’avenir du parapente.
Honorin est né dans une région propice au vol libre, son père étant parapentiste depuis 1987, il a commencé à voler en biplace avec lui dès son plus jeune âge et a rapidement développé une passion pour le parapente.

Un cv de compétiteur avec de nombreuses victoires
Son palmarès est impressionnant : Il vient de remporter en mars 2023 la Word Cup au Brésil et fin 2022 la superfinale de la Coupe du Monde de parapente, qui s’est tenue à Valle de Bravo, au Mexique, du mardi 6 au dimanche 18 décembre 2022.
Honorin clôture ainsi une année exceptionnelle et gagne le titre qui lui manquait, celui de champion du Monde PWCA. Ce dernier titre vient ainsi s’ajouter à la liste déjà longue de ses exploits :
- Champion du Monde (16th FAI) en 2015 en Colombie
- 3ème aux Championnats du Monde en 2019 et 2017 (Macédoine et Italie)
- Champion du Monde par équipe 2019 en Macédoine (16th FAI)
- Champion du Monde par équipe 2017 en Italie (15th FAI)
- Champion d’Europe en 2016 en Macédoine (14th FAI
- Champion d’Europe par équipe en 2016 en Macédoine (14th FAI)
- Champion de France 2019 au Grand Bornand
- Champion de France en 2018 à Mieussy
- Triple vice champion de France en 2017, 2014, 2011

Les débuts d’Honorin en parapente, une affaire de famille
Bonjour Honorin, pouvez-vous nous parler de votre parcours de parapentiste et nous dire à quel moment vous avez réalisé que vous aviez le potentiel pour devenir un athlète professionnel de parapente ?
Je suis originaire d’Avranches et mon père dirige le club “Les Archanges”, le club de parapente de la baie du Mont Saint Michel. Les membres de ce club volent principalement sur les falaises de Champeaux, Carolles et Granville.
J’ai commencé à voler en biplace avec mon père, dès mon plus jeune âge, avec ma mère, on le suivait partout sur les aires de vol libre. C’est grâce aux biplaces que j’ai commencé à avoir envie de voler en solo et cette envie ne m’a jamais quitté depuis ce jour.
Comment s’est passée votre initiation à l’activité ?
Mon père m’a prêté son aile pour que je puisse commencer à découvrir le matériel, le gonflage, jouer avec le vent et les mini vols appelés “sauts de puce”. Ensuite, une chose importante, il fallait que j’aie l’âge légal de 14 ans pour faire des vols en solo sans encadrement, alors j’ai attendu et j’ai suivi un stage en Normandie à Plaine Altitude, où j’étais à l’aise car j’avais déjà quelques heures de gonflage, mon père m’avait déjà bien assisté.
La compétition et Honorin Hamard, c’est d’abord de l’organisation

Comment gérez-vous la pression de la compétition et comment restez-vous concentré sur vos objectifs en vol ?
Pour les compétitions, je me préparais beaucoup au début quand j’ai commencé à faire des manches. Maintenant, je me prépare moins, je vole de toute façon tous les jours. Selon moi, la réussite du vol dépend de la prise de décision sur la gestion mentale, je suis plus libre et je réagis mieux dans l’analyse, en optimisant mes choix selon les expériences que j’ai eues.
Pouvez-vous nous parler de votre entraînement quotidien en dehors des compétitions pour maintenir et améliorer votre technique de vol ? Comment gérez-vous les risques associés à la pratique du parapente et comment évitez-vous les accidents lors des compétitions ?
Je ne m’entraîne pas spécifiquement pour le parapente en dehors des compétitions, mais je suis un sportif régulier, mon métier c’est pilote test.
Les risques sont surtout liés au relief, donc je suis attentif quand j’accélère à fond au relief et je suis vigilant dans la grappe. Je me considère ni agressif ni passif comme pilote, je suis dans l’analyse.

Comment choisissez-vous les compétitions auxquelles vous participez et comment planifiez-vous votre calendrier de compétitions chaque année ?
Je choisis les compétitions en fonction des 8 semaines de repos que j’ai, car je travaille (pilote test en CDI à Bar sur Loup). Je participe à six compétitions : la coupe du monde, deux étapes plus la superfinale, le championnat de France, le championnat d’Europe ou du monde selon les années, et un open international. Je choisis en fonction des compétitions qui rapportent de points.
Le Brésil, un souvenir mémorable, une préparation à la hauteur de l’exploit
Les défis sont pour vous une façon de vivre ?
Il est indéniable que la pratique d’un sport de haut niveau peut être source de grandes réalisations et de moments inoubliables.
Pour moi, l’un de ces moments s’est produit lors d’une tentative de record en vol biplace au Brésil en 2015. Ce jour-là, j’ai réussi à parcourir plus de 400 km en compagnie d’une passagère, ce qui a demandé une gestion minutieuse du vol et de la passagère. Les conditions de vol n’étaient pas toujours idéales, ce qui a ajouté une dose de complexité à la logistique déjà importante de maintenir le vol pendant une si longue durée.
Malgré ces défis, j’ai été en mesure de rester concentré et de garder le cap, en sachant que chaque minute était cruciale pour atteindre notre objectif. Quand nous avons finalement réussi notre record, j’ai ressenti une immense fierté et un sentiment d’accomplissement que je n’oublierai jamais. Cette expérience a renforcé ma passion pour le vol et m’a incité à continuer à relever de nouveaux défis dans ce domaine.
Le parapente, une activité encore confidentielle

Quels sont vos avis sur l’avenir du parapente ?
Honorin Hamard : Je pense que l’avenir du parapente ne va pas beaucoup évoluer. Le parapente est un sport peu médiatisé et difficile à téléviser. De plus, de nombreuses zones aériennes deviennent de plus en plus restreintes, ce qui limite l’espace pour jouer dans les airs. Cela signifie que le parapente restera un sport relativement confidentiel, avec une communauté de passionnés qui continueront à voler pour le plaisir et la liberté que cela procure.
Cependant, je crois que la technologie va continuer à améliorer la sécurité et la performance des ailes.
Je pense également que la communauté du parapente devra être très vigilante quant à la préservation des zones de vol et à la réglementation pour éviter tout risque de conflits avec d’autres utilisateurs de l’espace aérien.
Je suis convaincu que le parapente continuera à être pratiqué par une communauté de passionnés qui apprécient l’adrénaline, la liberté et la beauté des vols en parapente. Et pour moi, c’est ce qui compte le plus.
Honorin Hamard
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